Carte postale

Salut à vous !

Un petit billet « spécial », hors tounée, pour vous raconter notre séjour en Algérie, du 3 au 9 avril 2013.

 

Nous avons grandi en banlieue parisienne. Beaucoup de nos amis d’enfance, fils ou petits-fils d’immigrés, nous disaient :

 » Quand est ce que vous allez jouer en Algérie, au bled ? »

Et voilà qu’enfin, suite à une invitation de l’Institut français, nous y allons ! Nous pensons à nos amis, et aussi, bien sûr, à cette « décennie noire » qui a ravagé le pays dans les années 90.

Nous allons enfin voir l’Algérie dont on nous a tant parlé. Beaucoup d’émotion !

Dimanche, départ du sud pour les sudistes, direction l’aéroport.

Lundi, on décolle.

Ah non ! Problème de visas qu’on devait récupérer puis… finalement non.

Bon, alors on reporte le décollage à mardi.

Ah non ! Toujours pas de visa. Ca commence à être long ! Mardi vers 17 heures, après on ne sait combien d’appels, de fax, de mails, on a enfin nos visas !

Bloqués à Cergy, on fait semblant d’être détendus, puis – enfin ! – victoire !

Départ mercredi mais malheureusement nous sommes contraints d’annuler la date à Constantine prévue le mardi soir. Et tout le monde de nous dire, il faut absolument voir Constantine ! Eh oh, ça va, n’en rajoutez pas.

Nous allons donc direct à Alger.

Sortis de l’aéroport, ça y est : on est enfin Ailleurs. Il fait chaud (ce jour-là) et on en prend plein les yeux. Le départ a été tellement laborieux qu’un rien nous émerveille. Les palmiers, les policiers, les bouchons, tout nous semble différent. On longe la mer et on se retrouve bientôt à l’Institut Français. Dépôt des bagages et on court se jeter dans la ville, ressentir l’atmosphère.

Alger, enfin !

Cette ville est énorme, les voitures ne laissent guère de place aux piétons, mais partout nous sommes les bienvenus, mot qui semble retrouver pleinement son sens tellement nous sommes accueillis avec gentillesse. Le lendemain, un petit tour dans les rues de la Casbah, au milieu du marché et c’est bientôt l’heure d’aller retrouver l’auditorium de la radio où nous jouons ce soir là.

Après un tour dans la Casbah, direction la Radio Algérienne

Public nombreux, plus de 500 personnes, c’est complet. On ne s’y attendait pas du tout.

Alice n’ayant pas pu venir pour ce voyage, c’est Jean-Michel, super violoncelliste et bassiste, qui la remplace. Bravo à lui, ce n’était pas évident.

JM Burguière ? Non ! « Serpico » !

Comme c’est notre premier concert en Algérie, nous sommes un peu stressés, surtout que, par la configuration de l’auditorium, le public se trouve en hauteur et qu’il faut donc lever la tête pour le voir. Aïe, le cou ! On joue tout deux fois plus vite qu’à l’accoutumée (le stress…) mais ça se passe super bien quand même. Nous sommes même surpris d’entendre une partie du public chanter les paroles….

Vous comprenez bien notre douleur au cou ?

Direction Tlemcen. Un petit tour en avion et changement de monde. On se retrouve dans une ville plus petite et c’est reposant. Le centre ville s’est construit autour d’une citadelle qui trône ici depuis des siècles. Promenade et sieste sont au programme aujourd’hui.

Les ruines de la Mansourah, et la forteresse « à cigogne »

Le soir, au retour du restaurant, on entend de la musique qui vient de l’hôtel d’en face. Intrigués, nous demandons au gardien si nous pouvons rencontrer les musiciens. Une demi-heure après, c’est carrément un concert de ces musiciens venus de Laghouat, pour se produire dans un festival, auquel nous assistons. Rien que pour nous ! Nous allons vite chercher nos instruments. A nous de leur jouer des morceaux. Puis, on a beau avoir du mal à se comprendre avec les mots, avec la musique cela se fait tout seul : bœuf général et surtout, on danse, tous ensemble. Ce fut une fête improvisée et mémorable, et rappelons-le, sans une goutte d’alcool !

Grand moment !

Le lendemain, après la visite de Tlemcen, magnifique, nous nous rendons à la salle de concert.

C’est le Palais El Méchouar, pas l’hôtel où nous jouons !

Dommage, nous nous retrouvons, loin du centre ville, dans une espèce d’hôtel 5 étoiles qui ne nous correspond pas du tout, ambiance de (faux) riches. Mais on nous assure que le public va quand même venir de la ville, et c’est en effet ce qui se produit. La salle se remplit, et pratiquement personne ne nous connait. Défi ! Nous sommes plus détendus et surtout plus proches des gens. Quelle écoute ! Tout se passe bien. Nous finissons en dévorant, pour la dixième fois de la journée, les succulentes pâtisseries achetées à Tlemcen. On ne pourra plus s’en passer jusqu’à la fin de notre séjour.

Ce sera par la route que nous rejoindrons Oran. On voit enfin les paysages que l’on a seulement survolés.

Chaque étape est pour nous ponctuée de vraies rencontres, à chaque étape, on se retrouve entre les mains d’un hôte qui nous offrira sa ville, son pays. Après Nassim à Alger, Houari à Tlemcen, cheville ouvrière de notre voyage (et réceptacle de nos malheurs administratifs), c’est maintenant Abdelghani qui nous emmène dans sa ville, son quartier. Il nous confie même à l’association « Bel Horizon », troupe de véritables passionnés d’Oran pour visiter la ville. On admire l’architecture magnifique de cette cité chargée d’histoire. On y découvre ainsi par exemple, que du même endroit, on peut voir une mosquée, une synagogue et une église…

Oran, « la radieuse »

Nous devons jouer au Conservatoire dans un joli théâtre. Hop, surprise du dernier jour, à midi on nous annonce un changement de salle. C’est, finalement, à l’Institut français que se tiendra le concert. Ce qui est franchement accessoire pour nous tant que la rencontre avec le public se fait. Celui-ci est, ce soir, intergénérationnel et, une nouvelle fois, pratiquement personne ne nous connait. On se serre un peu sur la scène mais on passe – encore – un super moment. Et on joue, enfin, les morceaux à la bonne vitesse…

Comment mieux fêter l’anniversaire de Mathilde (et, donc, à distance celui d’Alice !) qu’en dévorant un couscous que notre hôte nous garantit comme étant le meilleur de tous ceux que nous aurons mangé durant notre séjour ?

Avec Abdelghani [au centre, en haut], prosélyte du couscous !

Occasion d’une belle dernière soirée avant de rentrer la tête emplie de souvenirs de ce pays et de ces gens magnifiques. Rendez-vous est pris pour une prochaine fois !